R A D I O H E A D L I V E C A N A L + K I D A A M N E S I A C 2 8 0 4 2 0 0 1

ThomYORKEchantguitaresfenderrhodespianoorguetambourin 
JohnnyGREENWOODguitaresmellotronondesMartenotKaossPadAnalogueSystemsRS8500 
EdO'BRIENguitareschoeurspédalesfenderrhodes 
ColinGREENWOODbassecontrebasseRolandPC200MKII 
PhilipSELWAYbatteriepercussions 
NigelGODRICHson 
StanleyDONWOODArtwork 
ThomasBLOCHOndesMartenotQuintet

C'était à l'été 200?.
Fervent pourfendeur des vacances solaires, je squattais avec ma future et inoubliable épouse une demeure cossue et pourtant séquano-dyonisienne. Suite à la traditionnelle montée de la recrudescence des incivilités touchant la population, nous furent mandatés par les propriétaires pour assurer la sécurité aoutienne de leur résidence principale. Ce séjour fut l'occasion de réaliser pendant quelques semaines le fantasme de tout apprenti musicien qui n'y arrivera jamais, le pignouf. Avec mes fidèles compagnons d'infortune musicale, nous investîmes le garage des lieux pour y installer pèle-mêle batterie, amplis, PC avec émulateur consoles nineties et table de ping-pong. Le rêve prenait forme. Quand l'un de nous trois décida malgré lui de mettre un terme définitif à nos ambitions créatrices. Il nous ramena le présent concert, légalement enregistré sur son magnétoscope familial, le geek. Comme si le concert de TRICKY aux Eurockéennes n'avait pas déjà sérieusement entamé la confiance que nous portions en notre génie incompris...


M O R N I N G B E L L. Alors que le logo de Canal s'estompe, une scène de néons dévoile le batteur/comptable. Il frise la boucle qui tue. Un chanteur à la coupe d'aliéné mental exhibe sans complexe ses sonotones. Planqué à droite, le guitar-looser à la classe ultime se retient de violenter sa Telecaster pralinée. Le bassiste, néandertalien, émerge de son récent séjour dans les catacombes, ses yeux peinant à deviner son frère ascétique, flippé à mort, qui maltraite sa caisse nipponne. N A T I O N A L A N T H E M. Traumatisé, je fouille dans les archives, avec l'espoir de trouver, sur les pages d'un geek anonyme, la genèse de cette oeuvre. Thomas aurait écrit ce riff à 16 ans, et ça se sent un poil. Mais contrairement à l'immense majorité de ses collègues qui, exaltés à la seconde, se seraient précipités pour torcher une démo sourde dans le garage du pavillon de leurs parents banlieusards, Thom a su laisser passer la crise d'adolescence des premiers albums, pour  transformer ce gimmick en un hymne fuzzé, lustré des cuivres tippettiens (y a pas vraiment d'adjectif pour Mingus) qu'il adule depuis. Y O U A N D W H O S E A R M Y ? Donovan n'est pas spécialement réputé pour sa consommation abusive de cocaïne. Reprenant cette langueur tellement mièvre qu'elle en devient mélancolique, la délicate suite d'accords toute mignonne avec un son joli tout plein, elle-même surprise d'être aussi brève, annonce l'orage. P A C K T L I K E S A R D I N E S I N A C R U S H E D T I N B O X. L'orage de grêle, glacial, au trémolo idoine, où l'attente de l'irrésistible chute maintient la tension polaire. L'écume ravage la coque du chalutier d'Abingdon, qui, sous couvert d'acheminer en toute légalité les conserves de la Belle-Iloise (au muscadet et aromates, notamment), contrefait en réalité les derniers ingrédients de la recette de CAN, embarqués clandestinement. D O L L A R S A N D C E N T S. Imperturbables, sûrs de leur groove alicecoltranien moulinexé par un mellotron sinueux, les rebelles dénoncent grave le capitalisme échevelé à outrance. H O W T O D I S A P P E A R C O M P L E T E L YA mi-parcours, Thomas, faussement branleur, poursuit sa déprime avec la voix spectrale qui fait peur (Buckley, le vrai, le daron) aiguisée au fusil des arrangements déments des ondes Martenot. Ou comment prouver que le vintage peut être novateur. Chiner pour se renouveler. I M I G H T B E W R O N G. Ils se rapprochent dangereusement du riff ultime, celui que Captain Beefheart aurait pu sortir, à jeun. Avec cette caisse claire de sniper, en s'arrêtant toujours sur la pointe des pieds au bord du précipice de la facilité.

KNIVES OUT.Mais là, le faux pas. La semelle qui glisse. Qui nous autorise un entracte pour aller libérer l'urètre sans chercher le bouton pause, impossible à atteindre jusqu'ici.

I N L I M B O. Mon ami Guilliam, de couleur grise, n'écoute que du P-funk et Prince. Exception faite de cet arpège cruciforme qui, lui procurant une telle sensation de bien-être, l'oblige à se trémousser dessus comme un possédé à chaque réécoute. Un peu comme son auteur, d'ailleurs. Mais en plus sexe. De mon côté, j'ai très vite abandonné la transcription de l'arpège flottant car je suis une merde. P Y R A M I D S O N G. Vous en avez marre des RadioDeadhead qui essayent péniblement de suivre le rythme avec leurs mains moites ? Collez-donc leur dans les acouphènes une asymétrie canterburienne aux arrangements de funambule persan perdu sur le Nil qui sonne comme du beurre baratte demi-sel copieusement étalé sur une tranche de pain Poilâne grillée au petit déjeuner et surtout, qui les occupera I D I O T H E Q U E. 138 BPM. E V E R Y T H I N G I N I T S R I G H T P L A C E. Hormis peut-être vers 12-13 ans, j'ai rarement été accroc aux jeux vidéos. Ni accroc aux accrocs de jeux vidéos, du coup. Alors comment s'extasier devant le défoulement pré-pubère de Johnny Greenwood sur son Kaoss Pad ? Peut-être à cause des effluves de SLIBENLI DEH THEUSZ (0:26:27) ? M O T I O N P I C T U R E S O U N D T R A C K. Omniconscient du legs de ses aïeux, Thom s'efface à petit feu de son orgue à pédales, tout émoustillé qu'il est des harpes électroniques qui bouffent l'espace. Un adieu larmoyant, passéiste, enfantin, qui souligne une dernière fois l'universalité du groupe, au cas où on n'aurait pas saisi.

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