Entre ici, Shuggie, Saint-patron des monte-charges,
L'inspiration t'a fauché dans ta 21ème année, toi qui pensais pouvoir t'en affranchir. Tu n'es plus car tu as tout dit, Shuggie. Fossoyé comme il se doit par ta descendance à la brillance étriquée, ces jeunes passionnés aux biceps huilés (D'Angelo), ces pygmées aux talonnettes empourprées (Roger Nelson), tu incarnes désormais le culte du vintage cher à Sixto, Sugarboy.
Adepte de la langueur avachie (Rainy Day, Pling!), tu as su
façonner une oeuvre à ton image, récréative, douce, peintre sonore des
toiles que tu aimais inachevées (Aht Uh Mi Hed, Island Letter). Tu as su
nous happer par tes fulgurances soudaines, brillamment oisives (Sweet
Thang), frénétiquement speedées (Ice Cold Daydream) ou puissamment
mainstream (Aht Uh Mi Hed), baignées de tes
caresses de guitare en plastique attachantes (Not Available,
Magic). Et nous, crédules naïfs éblouis par tes grooves efféminés,
faussement bancals (Sparkle City,
Happy House), savons combien ton amour du mysticisme (Stephen Devadip
Stills via Then Play On in Freedom Flight) n'a jamais pu occulter ta
passion pour le bricolage (le Glockenspiel placé un peu loin du micro
sur Strawberry Letter 23).
Ta
disparition nous afflige d'autant plus que tu nous as fait croire à ta
résurrection (Fireball of Love, Destination You), en ressoudant les fils de ta Maestro Rythm King
alors même que tu as égaré le mode d'emploi (Doin' What's Right). Nous nous souviendrons bien sûr de ta tendance
pathologique à l'auto-plagiat (Magic/Not Available/Happy House, Fawn/If
You'd Be Mine, Final Strawsberry Letter 23 in Fawn/Wings of Love,
Walking Down The Country/Inspiration Information, Strawberry Letter
23/Don't You Run Away). Tel un Chris Rea métissé (Wings of Love), tu nous a délivré ton
message, phénix d'Amour touché en plein vol. Un message consensuel,
bien loin des préoccupations révolutionnaires de Sylvester que tu sauras
pourtant singer (XL-30 via Spaced Cowboy, Pling! via Time entre
autres), avide que tu étais des overdubs déréglés (Castle Top Jam,
Special, la loop finale de Strawberry Letter 23/Axis:Bold as Love). Cette
vie trop courte ne t'a pas laissé le temps de raser ton duvet naissant,
obstacle empêchant tes dents du bonheur de laisser échapper ton premier
décibel, toi l'approximatif falsetto aux quarts de ton capricieux (Miss
Pretty, Give Me Something Good). Nous avons ignoré tes alertes, alors
que tu nous as prévenu à quel point la coke, c'est de la merde (Give Me
A chance, Fawn), au point d'échapper à la programmation de tous les
clubs de L.A. (Special).
Take a good Freedom Flight, Sugar, pour que tu résonnes à jamais Ahn Hors Mon Têt.
J'adore la musique de ce type.
RépondreSupprimerArf, tu n'as pas réussi à me dégoûter en citant Chris Rea (et Chris Byrne), je crois bien que le Glockenspiel et la Maestro m'ont donné envie d'essayer ce truc dont je ne connais que le nom.
RépondreSupprimerSi en plus un seul disque suffit ...
EWG
Ce type est un génie ! Un modèle, assurément.
RépondreSupprimerCeci dit, j'aime sa descendance étriquée aussi.
Le "Saint-patron des monte-charges" a failli m'étouffer d'entrée de jeu. Comment être émue avec une intro pareille?? Je ris mais le texte et la musique sont excellents.
RépondreSupprimerMoi aussi j'aime bien la descendance étriquée du bonhomme, au moins à petite dose.
RépondreSupprimerJ'ai tout pigé, mais ça doit être bien^^
RépondreSupprimeril y a un "pas" a replacer dans mon précédent comm'^^
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