AMON DÜÜL II I PHALLUS DEI I Mai 1969

REVOLUTIONÄRE MANIFEST DER AMON DÜÜLS KOMMUNE


Kameraden !

Nous ne pouvons plus encore subir le joug séculaire des hordes réactionnaires de Vati Konrad. Voilà vingt ans que les Christo-démagos alliés du grand Charles, aveuglés par la quête du mark érigé en Graal, empêchent aux forces innovantes wessies de s'émanciper. Mais quand cessera-t-on de se draper dans l'alibi de la reconstruction, sinistres élites ? Nous ne voulons plus de cette société patriarcale, matérialiste, passéiste, dans laquelle l'acquisition d'une Audi constitue le seul idéal, le rétroviseur comme seul guide ! 

Soyons sérieux... Ce n'est pas la grande conciliation oecuménique du propagandiste Kiesinger qui permettra au peuple de sortir de ce marasme mental, de tourner le dos à ce renoncement culturel... Comment peut-on panser si vite les blessures de Rudi ?

Car dans cette société d'un autre âge, c'est la culture qu'on sacrifie

Partout, en Europe, c'est l'impasse : chez nous, Macca et CCR se disputent la tête des Musik Charts (Ob-La-Di-Ob-La-Da n°1 en mars), le Floyd ne va pas tarder à se boursouffler sans espoir de retour, la France accouche innocemment des philosophes Claude M'Barali et Bruno Nicolini, Franquin abandonne Spirou... Un monde régressif, symbolisé par le déclin du grand Otto DIX, dont le testament expressionniste doit renaître avant qu'il ne soit trop tard !
Le constat est clair, il est urgent d'agir. Car c'en est trop. Nous ne pouvons supporter davantage la torture de nos tympans comateux. La surdité ne passera pas ! La lutte politique a montré ses limites, elle ne suffit plus... Nous laisserons à nos frères le soin de dénoncer l'opération Menu ou de bloquer les bancs des universités, car il n'est plus temps pour nous de beugler "USA, SA, SS !" ! 

Car la révolution sera musicale ou ne sera pas.

Mais une issue est possible. Nous revendiquons donc: 
  • la réhabilitation de Ry Cooder (Düül via Dyl in Ceyleib People);
  • l'enlèvement des groupies du C.A. Quintet pour assurer les choeurs éthérés (Renate in Kanaan and everywhere);
  • la séquestration de l'orchestre symphonique de Roger Mc Guinn (riff de Luzifer's Ghilom);
  • une polyrythmie gratefuldienne à en faire perdre le fil (Luzifer's Ghilom, Phallus Dei);
  • une reverb atteinte du syndrome de la Tourette (Luzifer's Ghilom);
  • le monopole hanté des borborygmes étranglés à la hache, Eugène (Dem Guten, Schönen, Wahren);
  • la stridence infiniment suraiguë du violon de Chris (Dem Guten, Schönen, Wahren);
  • l'enrôlement immédiat d'Henriette, la Suzy Creamcheese munichoise;
  • l'abolition du conseil de l'ordre des orthophonistes munichois (harangue à l'élocution approximative à la Daevid Allen sur le final de Phallus Dei);
  • des cadences déchirées en mille buvards (Phallus Dei).
Et plus largement, nous demandons au pouvoir fédéral:
  • le démantèlement de toute la filière des producteurs de diapasons;
  • la location des studios Trixie pendant 48 h; 
  • une éducation fondée exclusivement sur l'apprentissage des descentes de toms;
  • le droit de disposer, pour chaque citoyen, d'une guitare 12 cordes avec ampli, pour que ça grésille.
Ce manifeste ne restera pas sans lendemain.
Il y a même des chances qu'il devienne un modèle dans quelques décennies.
POP 2

 














1 commentaire:

  1. Le grand retour des morts-vivants... Mai 68 est mort, on vous dit, c'est pas pour qu'il nous revienne parfumé à la choucroute. Tout ce déballage nostalgique (de mes années collège?) m'a mis de mauvaise humeur. Je rentre chez moi écouter Julien Doré, ça vous apprendra.

    Signé T-bar, cagolin assermenté

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